dimanche 2 décembre 2012
Ces taulards sont trois à partager leur cellule, leurs rêves, leurs regrets, leurs souffrances et à affronter leurs différences, la solitude et le manque d’intimité. Michel, l’intellectuel nerveux et meneur de la petite bande qui n’en finit pas de faire des grilles de mots croisés est campé par l’inquiétant et très juste Philippe Nicaud, également auteur de la pièce. A ses côtés depuis longtemps, Thomas (touchant et drôle Jacques Démarre) attend de passer en appel de sa condamnation en se morfondant sur les lettres d’amour de la femme qui est morte à cause de lui. Le dernier, le jeune et naïf Youri (Olivier Bruaux) est une petite frappe de banlieue vulgaire mais encore pleine de fraicheur et d’innocence. Les pensées fusent, les comédiens se renvoient les mots comme une balle de ping-pong, on y parle d’amitié, de blessures enfouies, de poésie et, bien-sûr, de liberté. Le spectateur, lui, se laisse volontiers enfermer avec eux.
Tous les vendredis et le dimanches du mois de Décembre
Comédie Nation
Résa : 09 52 44 06 57
lundi 5 novembre 2012
Il fallait une bonne dose d’imagination et de créativité pour tirer une véritable histoire d’une succession de poèmes, sans donner le sentiment de faire une récitation de poésie. C’est le défi relevé par Marie-Emilie Michel dans La Petite Seconde d’Eternité, mise en scène par Nathalie Matti. A travers un choix minutieux de poèmes, issus des recueils Paroles, Histoires et Spectacles, le spectacle retrace le parcours d’une femme, de l’enfance à l’âge adulte, sous la forme de morceaux de vie. Une scénographie toute en finesse accompagne l’évolution de ce personnage, dont les souvenirs sont projetés à même le mur par une caméra. Le tableau est aérien, touchant. Un très joli moment de théâtre, qui rappelle combien la poésie de Prévert peut être vivante.
La Petite Seconde d’Eternité, d’après les poèmes de Jacques Prévert. Avec Marie-Emilie Michel. Mise en scène de Nathalie Matti. Jusqu’au 27 novembre 2012, tous les lundis et mardis à 19h30. Téléphone : 01 43 38 74 62
mardi 23 octobre 2012
Pas facile de devenir vieux, de voir sa vigueur s’envoler et avec elle son dernier cheveu noir. Mais face au temps qui fait son œuvre, mieux vaut rire que pleurer. C’est avec humour et détachement que l’écrivain Jean-Louis Fournier nous convie au spectacle de son propre délabrement. Même ses trous de mémoire font partie du jeu. Mais qu’on ne s’y trompe pas, c’est un auteur qu’on vient voir sur la scène de la salle Jean Tardieu au théâtre du Rond-Point. Son propos plein de tendresse et d’ironie vise d’abord à évoquer l’essentiel. Les choix fondamentaux qui concernent toute vie, les regrets, les aspirations généreuses, la quête de la beauté et l’exigence de l’art, c’est avant tout de cela qu’il est question ici.
Après Victor Haïm et Régis Jauffret, la metteur en scène Anne Bourgeois accompagne pour la troisième fois un écrivain dans l’interprétation de son propre texte. Elle le fait avec toute la finesse et la poésie lumineuse qui caractérise son travail. Et on pardonne aisément le travail d’acteur parfois perfectible de Jean-Louis Fournier, car derrière son jeu encore hésitant se cache un appétit de vivre qui transcende les générations et qui fait un beau pied-de-nez au jeunisme ambiant.
Mon dernier cheveu noir, de et par Jean-Louis Fournier, mise en scène de Anne Bourgeois, jusqu’à 10 novembre à 18 heures 30 au théâtre du Rond-Point.
Crédit photo : Emmanuel Hauguel
mardi 23 octobre 2012
D’abord, il faut laisser la nuit tomber et la pénombre de la ville s’installer. Ensuite, lorsque 23 heures sonnent, rendez-vous à deux pas de l’Opéra, à la pépinière Théâtre. Nicolas Briançon, décidément insatiable depuis quelques temps, y propose un Cabaret Canaille, qui se veut « grivois, érotique, tout en sensualité » où se mêlent textes et chansons. Le metteur en scène a soigné son casting. Entourée de 4 hommes charmants, Clara Morgane pousse la chansonnette et récite des textes méconnus et plein d’ardeur de Maupassant, Hugo, Louÿs, Gautier, Musset, etc… Bref, un florilège de tout ce que les grands noms de la littérature française ont pu produire pour célébrer une sexualité simple et inspirée, honnête et bon enfant. Bien qu’un peu relâché, le spectacle se déroule dans la bonne humeur générale, et la bonne volonté de l’actrice principale mérite d’être saluée. La coquinerie se limite toutefois au grand voile en velour rouge qui couvre le fond de scène, à l’heure tardive du spectacle et au nom sulfureux de la demoiselle. Certes, les smocking de ces messieurs cachent quelques surprises, et Clara Morgane porte une jolie robe de cocktail. De même, il est méritoire de la part de Briançon de rappeler notre mémoire ces textes plein de gaudriole, mais sans cela le spectacle pourrait décevoir. Le ton est joyeux, les comédiens s’amusent et le public avec eux, l’essentiel est là.
Cabaret Canaille, mise en scène de Nicolas Briançon, avec Clara Morgane, Pierre-Alain Leleu, Michel Dussarat, Muratt Atik, et Antoine-Marie Millet au piano. Les jeudis et vendredis à 23 heures, ainsi que certains samedis, à la Pépinière Théâtre.
mardi 2 octobre 2012
Jusqu’au 27 octobre, le théâtre du Lucernaire accueille un spectacle adapté du roman de Michel Schneider, Marilyn Monroe : entretiens. Seule en scène, assise à un bureau et coiffée d’une perruque noire, Stéphanie Marc nous fait revivre les derniers jours de la star, sous forme de confessions à son analyste.
Sans jamais tomber dans le pathos ou la caricature, la comédienne propose une autre lecture de Marilyn Monroe : celle d’une jeune femme touchante qui raconte la solitude, l’abandon, la peur et la déchéance avec une lucidité inattendue, très loin de l’image médiatisée de la blonde pulpeuse au sourire enchanteur. Elle le fait avec humour et légèreté, avec dans la voix cette petite note d’incompréhension qui témoigne de l’innocence volée. Un beau moment de théâtre, tout en délicatesse et en émotions.
Marilyn Monroe – Entretiens, d’après Michel Schneider. Mise en scène : Stéphanie Marc. Avec Stéphanie Marc. Scénographie et regard : Cécile Marc. Du mardi au samedi à 18h30. Jusqu’au 27 octobre 2012.
Crédit photo : Marie Clauzade