mardi 18 janvier 2011
L’amant de Liane a disparu dans le fleuve, en Louisiane. Liane se retrouve seule face à ses peurs, ses souvenirs et ce deuil impossible. Elle s’adresse à son amant disparu. Elle dit la solitude, le manque, la cruelle absence.
C’est l’histoire de Liane perdue entre ses espoirs et sa souffrance. Sa vie est en suspens, dans l’attente d’un retour improbable. Afin d’oublier sa propre peine, Liane part alors photographier celles des autres. C’est donc aussi l’histoire d’une renaissance. Liane ne veut plus vivre mais continue malgré tout. Dans sa robe blanche, elle a l’air si fragile à répéter « mon petit chou, mon tigre », à appeler le retour de son homme de toutes ses forces.
La voix d’Eléonor Agritt, qui interprète une Liane sobre et attachante, est chaude et son débit rapide. Les mots s’envolent, la musicalité particulière du texte de Melquiot est parfaitement retranscrite. Le plateau, recouvert de cartons, où s’éparpillent les flacons représentant les souvenirs de Liane, symbolise à merveille ce douloureux abandon. La mise en scène de Brontis Jodorowsky, le jeu de son actrice sont entièrement au service de ce monologue sensible, poétique et bouleversant de justesse.
Jusqu’au 12 Février
Théâtre des Déchargeurs
Métro Châtelet
Résa 0892 70 12 28
photo© Grégoire Alexandre
mardi 11 janvier 2011
Il ne fait pas bon être français sous la plume de Christophe Pellet. Emportée par la fougue de Stanislas Nordey, qui signe la mise en scène et interprète ce monologue, cette Conférence tourne à une attaque en règle contre « l’État français, l’esprit français et les entreprises culturelles du territoire français ». Une charge acerbe et libératrice.
Diplômé de la Fémis au début des années 90, lauréat d’une bourse Villa Médicis Hors les murs qui lui a permis de fuir à Berlin, comme il dit, Christophe Pellet en connait long sur « les entreprises culturelles du territoire français ». Cela lui a inspiré cette conférence féroce. Il y dénonce la vacuité de la « société théâtrale française ». Il n’a pas de mots assez forts pour exprimer un son dégoût face de « cet esprit français qui nous a empoisonné l’existence dès notre enfance ». Un esprit qui tourne à vide, gardien inculte d’une culture moribonde, qui ne crée rien et s’en satisfait. En prenant prétexte de cet univers étriqué, c’est finalement à l’esprit français et au territoire sur lequel il s’incarne que s’en prend Pellet, à « son conformisme et ses mécanismes oppressifs ».
Diplômé du Conservatoire National d’Art Supérieur d’Art Dramatique, ancien directeur du Théâtre Gérard Philippe de Saint-Denis, Stanislas Nordey met en scène et interprète ce pamphlet anti-français. C’est un corps qui se vide du venin dont il était infesté qui éructe pendant 1 heure 30 devant les spectateurs. La tentative est louable et courageuse. Le texte est enlevé, rigoureux et précis. Pourtant, un détail coince. Pellet et Nordey sont des purs produits cette société théâtrale française. Certes, ils savent de quoi ils parlent. Mais finalement, ne font-ils pas le jeu de ce qu’ils dénoncent en choisissant le théâtre du Rond-Point, phare du théâtre public français, pour donner ce spectacle ? La Conférence de Pellet a obtenu en 2009 le Grand Prix de Littérature Dramatique, doté par le Ministère de la culture, suprême organe de l’État français. Par souci de cohérence, n’aurait-il pas mieux valu refuser ce prix ? Alors, cette Conférence, retour sur soi salvateur ou incubation morbide ? La question est posée.
La Conférence, de Christophe Pellet, spectacle conçu et interprété par Stanislas Nordey, jusqu’au 30 janvier au théâtre du Rond-Point.
crédit photo : Giovanni Cittadini Cesi.
mardi 30 novembre 2010
Un excellent Cyrano de Bergerac se joue actuellement au théâtre de la Tempête. Pas facile lorsque l’on est peu connu du grand public de reprendre un tel rôle et de passer après Guitry, Depardieu, Weber, ou d’autres. Pas facile non plus de marquer sa différence, après les 7 Molières obtenus en 2007 par le Cyrano interprété par Michel Villermoz et mis en scène par Denis Poladyles à la Comédie-française.
Et pourtant, Christophe Brault se révèle largement à la hauteur du rôle. D’ailleurs, Gilles Bouillon, le metteur en scène, l’affirme sans détour : « on décide de mettre en scène cette pièce parce qu’on a trouvé l’acteur qui va jouer le rôle titre (…) ». Christophe Brault a la voix d’un ogre, la puissance d’un guerrier, l’énergie d’un conquérant et la pudeur inquiète et fragile qui sied à Cyrano de Bergerac. Formé au conservatoire national, il ne cesse de travailler avec quelques-uns des noms les plus emblématiques de la scène théâtrale française. Ce Cyrano illustre à quel point cette même scène théâtrale abrite aujourd’hui des artistes de grand talent qui mériteraient d’accéder à une plus large notoriété.
Cyrano de Bergerac, jusqu’au 12 décembre au théâtre de la Tempête.
crédit photo : François Berthon
jeudi 11 novembre 2010
Le travail d’acteur, celui de l’auteur, la mise en scène, ces trois pivots de l’univers théâtral ne seraient rien sans la lente gestation qu’est le temps des répétitions. C’est dans ces moments de doute et de recherche que réside l’essentiel du processus de création. Voilà ce que nous dit Luca Franceschi, auteur et metteur en scène de l’Illusion Exquise, que l’on peut voir jusqu’au 12 décembre au théâtre 13, à Paris. Adepte du théâtre dans le théâtre, il a décidé d’écrire une pièce autour du principe de la répétition publique, ou plutôt sur le thème de la rencontre et de l’échange, ce lien mystérieux, capable, parfois, d’unir la scène et la salle dans une grâce commune. Comme l’auteur le dit lui-même, « l’Illusion exquise est une mise en jeu de cette rencontre privilégiée ». A cette rencontre, Luca Franceschi et la Compagnia dell’Improvviso ont également convié Pirandello, Shakespeare, ainsi que diverses formes de théâtre contemporain, pour une tentative de conciliation. Le résultat est en ce rendez-vous joyeux et maîtrisé, vibrant hommage à l’immense espace libre qu’est une scène de théâtre.
L’illusion exquise, écrit et mis en scène par Lucas Franceschi, avec les comédiens de la Compagnia dell’Improvviso, jusqu’au 12 décembre au théâtre 13.
crédit photo : Vanina Sicurani
jeudi 4 novembre 2010
La vie va où ? … demande Michèle Guigou dans le titre à son spectacle. Avec vous, sur scène, a-t-on envie de lui répondre. « Ah ben oui, on va parler de la vie, donc de la mort, de la vieillesse, de la maladie : on va bien se marrer ». C’est donc à une tranche de vie sans concession que nous convie l’humoriste. Celle de son combat contre le cancer, qui à mesure que la rémission s’affirme, se transforme en une quête apaisée du sens de l’existence et de la découverte de soi.
La vie va où, de et par Michèle Guigou, jusqu’au 14 novembre au théâtre du Rond-Point.
Crédit photo Giovanni Cittadinni Cesi
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