lundi 6 janvier 2014
Il y a du beau monde sur la grande scène de la salle Renaud-Barraud au théâtre du Rond-Point. El Tigre, le nouveau spectacle d’Alfredo Arias, convoque chanteurs et comédiens dans ces costumes flamboyants, travaillés dans les moindre détails, si caractéristiques du style du metteur en scène argentin. Arielle Dombasle pousse la chansonnette et donne la réplique au sémillant Denis D’Arcangelo, qui enchante depuis des années les amateurs de comédies musicales déjantées. A leurs côtés, d’autres grosses pointures, venues directement d’Argentine dans la valise d’Arias. Carlos Casella, Alejandra Radano, Andrea Martinez, tous sont des maîtres de la scène, maîtrisant parfaitement la danse, la comédie et le chant. Parmi ces professionnels aguerris, la jeune Alexis Ribes attire tous les regards. Elle étonne par son aisance, sa présence, sa puissance d’incarnation. L’ensemble participe à un spectacle aussi réjouissant que loufoque. Voilà peut-être le bémol de ce spectacle. A trop viser le pur divertissement, à trop travailler la forme, le risque existe que le public s’interroge sur le fond.
El Tigre, livret et mise en scène d’Alfredo Arias. Jusqu’au 12 janvier au théâtre du Rond-Point, 21 heures.
Photo © Ali Mahdavi
dimanche 17 novembre 2013
Le théâtre 13, qui propose souvent une programmation audacieuse, met à l’affiche, jusqu’au 22 décembre, une pièce d’un auteur serbe considéré comme un classique dans son pays mais inédit en France : Branislav Nusic. Dans la veine d’un Feydeau (dont il était contemporain), l’auteur des Deshéritiers se moque des parvenus en tout genre et de la cupidité des êtres humains. Il s’agit ici d’une histoire d’héritage convoité par une ribambelle de cousins faussement éplorés qui vont rapidement transformer la maison du défunt en champ de bataille pour s’accaparer des biens auxquels ils n’ont évidemment nul droit. Les portes claquent, les personnages s’écharpent : du pur théâtre de boulevard. Efficace mais peu novateur. C’est de là que vient la déception. A vouloir certainement souligner l’universalité de la pièce, le metteur en scène, Ned Grujic, ne met pas vraiment en avant le tempérament balkanique qui pourrait transparaître du texte et qu’il semble pourtant revendiquer avec, notamment, l’utilisation de la musique des Yeux Noirs. Et au final, c’est cette âme slave qui aurait pu donner toute son originalité à la pièce, qui manque. Pour la retrouver, le théâtre a la bonne idée de proposer quelques spécialités serbes à déguster avant ou après le spectacle comme la gibanica et des bureks (sorte de gâteau de viande hachée).
Les (dés)héritiers, jusqu’au 22 décembre au théâtre 13.
Crédit photo : Kasia Kozinski
mardi 15 octobre 2013
Le théâtre du Rond-Point accueille, pendant quelques jours encore, la troupe menée tambour battant par Kitty Hartl, directrice artistique et manageuse du groupe de cinq artistes burlesques aux allures felliniennes, toutes en sensualité et en rondeurs. Ukulélé, paillettes à gogo, plumes à foison… Elles réinventent le strip-tease sur des airs rock, jazzy ou punk, en injectant dans leurs shows un humour décapant. Leur grande force ? Une belle assurance qui leur permet de ne pas se prendre trop au sérieux. Sur le plateau, un système vidéo inventif signé Pierrick Sorin apporte une vraie valeur ajoutée au spectacle : ces « trucs » cinématographiques et ces effets spéciaux, qui ne sont pas sans rappeler les films de Georges Méliès, ajoutent une note de merveilleux à ce show déluré et moderne.
Conception : Kitty Hartl -collaboration à la mise en scène : Pierrick Sorin - avec Julie Atlas Muz (en alternance avec), Peekaboo Pointe, Catherine D’Lish, Ulysse Klotz, Mimi Le Meaux, Dirty Martini, Kitten on the Keys, Roky Roulette. Jusqu’au 18 octobre à 21h, le dimanche à 18h30.
mardi 8 octobre 2013
Audrey Dana et Sami Bouajila pulvérisent les faux-semblants liés à la vie de couple. C’est sur la scène du théâtre du Petit Saint-Martin que se déroule le combat. Pendant 1 heure 30, les deux comédiens attaquent de front la vie à deux. Un combat mené tambour battant, au rythme effréné de 18 scènes de couple écrites par Léonore Confino. D’Adam et Eve au couple divorcé, des amants passagers aux adeptes de la relation conjugale long durée, c’est dans un véritable laboratoire du sentiment amoureux que nous sommes invités à pénétrer. Attention à l’effet miroir, chacun en prend pour son grade. D’ailleurs, la mise en scène de Catherine Schaub est conçue en ce sens. L’ensemble se déroule dans un sobre décor blanc, au milieu de quelques rares accessoires. Nul endroit où se cacher, il faut voir la vérité en face : la vie à deux est un combat.
Ring, de Léonore Confino, mise en scène de Catherine Schaub, avec Audrey Dana et Sami Bouajila. Depuis le 1er octobre au théâtre du Petit Saint-Martin à 21h.
dimanche 26 mai 2013
Tout aurait dû les séparer. Elle, la jeune et brillante étudiante juive et lui, le professeur de philosophie au charme suranné. Pourtant, c’est à l’aube de la Seconde guerre mondiale que naîtra la passion entre Hannah Arendt et Martin Heidegger, deux génies de la pensée du XXe siècle. Alors qu’Hannah s’insurge contre l’antisémitisme et finit par fuir l’Allemagne nazie, Heidegger se laisse porter par la vague du national-socialisme. Pourtant, leur amour transcendera les convictions pour parvenir, si ce n’est à comprendre l’autre, mais à lui pardonner ou à obtenir son pardon. Si l’on regrette une mise en scène répétitive et une projection vidéo superflue, force est de constater que les comédiens font un travail remarquable. Superbe, Maïa Guéritte campe une Hannah Arendt poignante et d’une grande dignité, tandis qu’André Nerman, en philosophe égaré, livre une prestation émouvante. Deux acteurs captivants, qui mettent leur talent au service d’une histoire naïve qui, sans eux, n’aurait certainement pas eu la même saveur.
Un rapport sur la banalité de l’amour, au théâtre de la Huchette. Une pièce de Mario Diament. Adaptation et mise en scène : André Nerman. Avec Maïa Guéritte et André Nerman. 23 rue de La Huchette, 75005 PARIS - tél : 01 43 26 38 99. Du lundi au vendredi à 21h15 et le samedi à 16h30. Relâche les 1er et 4 mai et le 21 juin 2013.