Bronzer utile, c’est possible !

1,5 milliard de touristes prévus pour 2020 par l’Organisation Mondiale du Tourisme. Afin de limiter les problèmes de dépendance au tourisme qui se posent aujourd’hui dans certains pays, des organisations telles que « Mass Education » proposent une alternative à la découverte de nouvelles contrées : le voyage qui aide au développement. 

Réinsertion des enfants, création d’écoles, programmes de santé… Depuis sa création en 1978, l’ONG indienne Mass Education œuvre pour le développement de son pays. En boudant le tourisme de consommation pour se tourner vers un tourisme de développement durable, l’organisation vise les voyageurs curieux de découvrir de nouvelles pratiques culturelles. Le tourisme façon Mass Education rimerait donc avec immersion, développement, respect et rencontres.

Un tourisme plus authentique

« Nous avions envie de connaître un pays, une autre culture, une autre façon de penser et voir l’Inde de l’intérieur », raconte Sophie, une voyageuse qui a testé la formule. En partageant la vie des villageois, les touristes solidaires sont invités à découvrir les traditions, les difficultés et l’histoire locale du lieu qui les accueille. Pas d’animations type "Club Med" donc, mais une véritable philosophie qui s’oppose au « tourisme seulement pour le plaisir », à la « destruction de l’environnement » et à « la consommation massive ». Les voyageurs sont accueillis et logés au sein des structures existantes : écoles, centres de formation...
Pendant leur séjour, ils choisissent de visiter, voir de participer aux projets de développement de l’organisation. C’est ce qu’a fait Sophie dans un premier temps : « Nous avons visité des écoles, des villages, des projets d’apprentissage de l’hygiène et un hôpital (…) Un matin, nous avons donné des cours d’anglais qui se sont en fait transformés en discussion sur la France ». Mais ils peuvent également être guidés par les membres de l’organisation lors de visites plus classiques : visites de temples Bouddhistes, Hindouistes, sites archéologiques….

Contrairement aux formules du tourisme organisé, le touriste solidaire construit lui-même son séjour. Les retombées financières de ces activités sont utilisées par l’organisation pour financer les projets de développement dont la population a estimé avoir besoin. L’objectif n’est pas l’assistanat mais la responsabilisation des habitants. Au retour, les voyageurs bronzés connaissent de nouveaux paysages, de nouvelles coutumes et difficultés quotidiennes, et ont le sentiment d’avoir aidé ceux dont ils ont partagé la vie.

Mais tout n’est pas éthique…

Dans le cadre d’un DEA en Recherches comparatives sur le développement à l’EHESS de Paris, Blandine Picot a tenté l’aventure en 2003. Son regard critique sur le séjour révèle certaines lacunes dans le fonctionnement du tourisme proposé par Mass Education. D’abord, si certaines dépenses sont contrôlées et réellement destinées à des projets de développement, « le touriste (…) ne pose aucune condition quant à l’utilisation de son argent (…). Par conséquent, l’argent ne va aux structures locales que dans la mesure où l’ONG et ses dirigeants sont intègres ».
Pour ce qui relève du domaine éthique, si l’organisation affirme demander leur accord aux populations avant d’amener à eux les touristes, les habitants donnent une réponse toute différente : personne ne leur aurait demandé leur avis. Mais après avoir formulé cette remarque, ils s’empressent de préciser qu’ils sont ravis de rencontrer les touristes, par élan du cœur peut-être, mais sans doute aussi par peur d’éventuelles représailles. Au voyageur par conséquent d’être vigilant et d’aller jusqu’au bout de sa démarche…


Illustration : Johanna Thomé de Souza


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Le 6 juillet 2021

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