Des agences immobilières solidaires

Habitats précaires, surpeuplés ou vétustes sont le lot quotidien de tous ceux qui, en attente de logements sociaux, ne satisfont pas aux critères des bailleurs privés. Depuis quelques années pourtant, des agences immobilières tentent de concilier les besoins en logement des ménages modestes avec les intérêts des propriétaires. Un week-end entier dédié au mal-logement est venu donner un coup de projecteur sur ces initiatives solidaires encore peu connues du grand public.


Clés anciennes réunies pour symboliser l’aide au personnes mal logées. Photo D.R.

Rapporter ses vieilles clés à titre de solidarité avec les personnes en difficulté. Tel était le mot d’ordre de la grande campagne nationale « Une clé pour les mal-logés » organisée les 10 et 11 octobre derniers par l’association Habitat et Humanisme dans différentes villes de France. Le but de l’opération : rappeler, autour d’animations festives et symboliques, le droit de tous à vivre dans un logement décent. Alors que près de 3,5 millions de personnes vivent encore dans des conditions de très grande précarité*, Michel Bernard Nouvel, président Habitat et Humanisme Nord-Pas-de-Calais, regrette le manque d’efficacité des politiques publiques mises en œuvre : « Les résultats ne sont pas à la hauteur des moyens financiers dégagés. Il y a des progressions des droits des locataires mais la demande de logements est toujours aussi importante. ».


A la croisée de l’immobilier et du social

D’où la nécessité de développer, à côté du parc des logements sociaux, des solutions alternatives de logements solidaires qui favorisent l’implication de professionnels de l’immobilier et de propriétaires privés. Depuis sa création en 1985, Habitat et Humanisme agit en faveur du logement et de l’insertion des personnes en difficulté au sein de quartiers équilibrés favorisant ainsi la mixité sociale. Pour mener à bien cette mission, l’association travaille notamment en partenariat avec des Agences Immobilières à Vocation Sociale (AIVS). Affiliées à la Fédération des Associations pour la Promotion et l’Insertion par le Logement (FAPIL), elles mettent leurs compétences d’agent immobilier au service de l’insertion par le logement. Le pari ? Favoriser l’accès et le maintien de personnes fragilisées dans un logement autonome de droit commun tout en sécurisant le risque locatif du bailleur privé. Pionnière dans ce domaine, l’AIVS Régie Nouvelle est née en 1988 d’un partenariat de diverses structures d’insertion et de logement social du Grand Lyon. Pour son directeur Christian Bel Latour, le grand défi consiste à trouver des propriétaires qui acceptent de se lancer dans l’aventure de la location solidaire. « Les gens qui font appel à nous sont des propriétaires motivés par l’aspect humaniste de la démarche. » Mais les AIVS disposent d’autres arguments pour convaincre les indécis.


Louer solidaire, une bonne affaire ?

En acceptant de louer leur logement à des ménages démunis jusqu’à 50% moins cher que les prix du marché, ces propriétaires solidaires bénéficient en contrepartie d’une tranquillité de gestion, d’avantages fiscaux, et de la possibilité de recevoir des subventions pour la rénovation de leur bien. Une solution particulièrement adaptée aux propriétaires de logements vétustes ou insalubres, qui sont souvent mal informés des subventions et avantages financiers disponibles pour la réhabilitation et la remise en location. Lorsque Jacques Poncet a hérité d’un appartement délabré qu’il souhaitait réhabiliter, il a fait le choix de se tourner vers Régie Nouvelle. « Cela a été pour moi un moyen d’assurer les réparations, ce que je n’aurais pas pu faire avant. On a ainsi pu combiner le côté pratique et le côté social. » Jacques Poncet a ainsi bénéficié d’une prise en main intégrale par Régie Nouvelle du suivi des travaux et de l’élaboration des demandes de subventions. Au total, 80 % des coûts de rénovation ont été pris en charge par des financements obtenus grâce à l’appui de l’AIVS. En contrepartie de quoi le propriétaire s’est engagé à maintenir pendant neuf ans un loyer inférieur de moitié à celui du marché.

Aujourd’hui au nombre de 44 en France, les AIVS gèrent un parc de 12 000 logements. La moitié des locataires de ces logements vivent avec les minimas sociaux. Alors que de plus en plus de salariés rencontrent eux aussi d’importantes difficultés à se loger, le besoin d’intermédiaires entre les bailleurs et les personnes en situation de précarité devrait continuer à se développer dans les prochaines années.


* Rapport mal-logement 2009 - Fondation Abbé Pierre

Liens utiles :

- Habitat et Humanisme : www.habitat-humanisme.org

- Fédération des Associations pour la Promotion et l’Insertion par le Logement (FAPIL) :

www.fapil.net


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Le 28 octobre 2009

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