Juliette Binoche à l’Odéon

Juliette Binoche fait son grand retour sur les planches avec la pièce de Strinberg « Mademoiselle Julie », jouée l’été dernier à Avignon et reprise au théâtre de l’Odéon jusqu’au 24 Juin. Malgré une mise en scène aseptisée et parfois déconcertante de Frédéric Fisbach, l’actrice demeure toujours aussi sublime.


Credit Christophe Raynaud de Lage

Lors des fêtes de la St Jean, Julie (Juliette Binoche), une jeune aristocrate, séduit Jean (Nicolas Bouchaud), son valet, pourtant promis à la douce et très croyante cuisinière, Christine (Bénédicte Cerutti). Julie, petite fille riche mal-aimée, écartelée par les codes d’une société trop étriquée pour elle va donc se brûler les ailes auprès de Jean, valet ambitieux et arriviste qui croit entrevoir avec cette nuit d’amour l’opportunité de concrétiser des rêves de grandeur.

Strinberg a écrit Mademoiselle Julie en 1888. En choisissant une mise en scène très contemporaine, Frédéric Fisbach montre à quel point les thèmes évoqués dans la pièce (les distinctions sociales, l’égalité homme/femme, le poids des conventions…) n’ont rien perdu de leur actualité. Le débat autour de la parité suffit à le rappeler. Juliette Binoche, belle et sensuelle dans sa robe lamée Lanvin, joue à merveille cette femme étouffée par la tradition et éprise de liberté. Nicolas Bouchaud, lui aussi excellent, incarne avec une pointe d’humour toute l’ambivalence de ce valet trouble et fascinant. La Christine campée par Bénédicte Cerutti manque un peu de nuance mais son interprétation témoigne de toute la rigueur morale de cette femme empêtrée dans sa foi. Cependant, les sentiments semblent maintenus à distance et quelque chose ne passe pas la rampe dans cette relation triangulaire complexe.

Une mise en scène esthétique mais sans âme

Il manque un petit supplément d’âme à cette adaptation de Fisbach et la scénographie de Laurent P. Berger y est pour beaucoup. Il choisit de mettre en scène ses personnages dans une sorte de cage de verre. A l’arrière de la scène, des bouleaux gris émergent d’un revêtement blanc. Des jeunes gens y dansent au début de la pièce, simulant une fête de la St Jean devenue parisienne et branchée. A l’avant, d’un côté une cuisine ultra-moderne et de l’autre un coin salon, le tout encadré par des grandes parois de verre coulissantes. Tout est blanc, épuré, éblouissant : en un mot aseptisé. Ce décor très (trop) design se révèle complètement froid, inhospitalier et c’est peut-être cela qui empêche le public de ressentir pleinement la passion, le désir furieux et finalement le désespoir qui animent ces êtres.


Jusqu’au 24 Juin
Du mardi au samedi à 20h Dimanche 15h
Théâtre de l’Odéon – Paris 6e
Résa 01 44 85 40 40
Puis à Londres du 20 au 29 Septembre 2012.


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Le 25 mai 2012

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