Orchidées

Pippo Delbono n’aime plus le théâtre et le fait savoir. Le dramaturge italien revient au Rond-Point avec Orchidées, un spectacle coup de poing. 

Ça commence avec l’image sur grand écran d’une bimbo frivole, future ministre de Berlusconi ; ça finit avec la mère du metteur en scène, filmée à l’orée de la mort. Orchidées balance sans cesse entre le futile et l’authentique, entre le factice et le véritable. La vérité est ailleurs, nous dit Pippo Delbono, non sans gravité, dans une charge contre l’Italie, la société européenne dans son ensemble et leurs faux-semblants. Habitué à la grandiloquence épique, le metteur en scène italien demeure fidèle à sa réputation. Généreux, naïf, égocentrique, affable, excessif, éminemment sympathique, Delbono lance aux yeux du monde un cri de détresse presque adolescent. 
 
« Je déteste le théâtre » annonce-t-il au cours de son spectacle. Plus précisément, il déteste l’illusion sournoise et les fausses représentations de la réalité. D’où le titre, Orchidées, fleur double, aussi gracieuse que dangereuse, comme cette mante religieuse féroce projetée sur l’écran géant qui habille tout le fond de scène. Camouflée en fleur, elle dévore un insecte. 
 
Difficile de représenter ce spectacle tant sa forme est éclatée. On y croise de grands auteurs (Shakespeare, Büchner, Tchekhov), le décor est réduit à quelques accessoires, les comédiens évitent de jouer. « Il est temps de tuer le langage de la représentation, de retrouver la pureté et la beauté du geste, l’âme  » explique le metteur en scène. De fait, les tableaux se succèdent au rythme de la voix off de Delbono qui raconte depuis le public le spectacle en train de se faire. Ce grand professionnel, à l’esthétisme éprouvé, rompu aux ficelles du spectacle, veut « retrouver un théâtre de la vie, de la vérité, de la révolution ». De fait, Orchidées bouscule gentiment, et la sincérité de Delbono a quelque chose de rafraîchissant. 

Orchidées, de Pippo Delbono, jusqu’au 16 février au théâtre du Rond-Point.

Photo © Giovanni Cittadini Cesi


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Le 4 février 2014

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